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Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/435

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son coup d’œil et la netteté nécessaire à son expression. La grande instruction littéraire que chaque page, chaque phrase de sa façon révèlent, est aidée par le mot propre à chaque aspect des choses. Il décrit un château comme un poète, d’autant mieux qu’il sait bâtir dans sa pensée comme un architecte, peindre et sculpter en imagination comme un artiste. Il voit d’autant mieux un paysage qu’il est assez naturaliste pour distinguer la réalité sous l’idéal ; et, en ceci, il est digne d’apprécier les descriptions d’Honoré d’Urfé, qui ont ce double mérite dans la forme appropriée à la mode du temps. Si d’Urfé voit partout des nymphes et des divinités, il voit aussi les formes et les couleurs dont les causes premières ne lui échappent point, et l’exactitude de sa peinture est telle, que l’auteur de l’excursion au pays da l’Astrée a pu se servir du livre comme d’un guide parfait pour retrouver le cadre des principales scènes.

En outre, l’auteur de cette recherche nous a découvert un pays enchanteur tellement oublié, tellement inconnu aujourd’hui, que plusieurs Lignons et plusieurs localités se disputaient l’honneur, réputé vain, d’avoir inspiré la muse de M. d’Urfé. Son château, son vrai château existe pourtant encore en partie, et ce qui en reste est, paraît-il, une merveille. Nous irons, les touristes y courront, et un homme de goût un peu riche achètera et restaurera ce chef-d’œuvre. Il est impossible que la révélation qui nous en est faite dans un si remarquable ouvrage ne porte pas ses fruits. De même que la renommée d’Honoré d’Urfé