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Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/63

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que ton indifférence nous cause. Avec toi, les mauvais gouvernements dureraient toujours.

le paysan. — Avec toi, aucun gouvernement ne dure, et on n’a pas le temps de faire ses affaires. Vous autres artisans, vous êtes des brouillons, vous dépensez trop, rien ne vous contente, vous ne pensez jamais au lendemain.

l’artisan. — Vous autres paysans, vous êtes des égoïstes, rien ne vous offense, vous ne songez qu’à vous, et les villes peuvent périr ; vous y consentiriez si vous pouviez vous passer d’elles.

le paysan. — Sans doute, vous êtes des étrangers pour nous.

l’artisan. — Et vous, vous êtes de mauvais citoyens, qui reniez votre propre sang.

Voilà comment se disputent les deux frères et comme chacun attribue à l’autre le malheur qu’il endure. Eh bien, il n’y a pas de vérité, il n’y a pas de justice, il n’y a pas de fraternité dans ce différend, et c’est ce que je vous démontrerai, mes chers concitoyens, la prochaine fois que je vous adresserai ma parole.