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Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/65

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mal à vous de croire qu’il est différent de vous, et qu’il y a deux nations en France : celle qui nourrit et celle qui consomme. Vous êtes les nourriciers des villes ; mais, sans les villes, vous n’auriez rien à produire, et vous péririez de misère au milieu de vos richesses et de vos campagnes.

Et puis la différence que vous faites du peuple de Paris avec le peuple des provinces n’existe pas.

Le peuple de Paris est formé d’un petit nombre de natifs de la ville et de gens domiciliés dans la ville. Le grand nombre est formé de gens de la province, venus à Paris pour employer leur tête, leur cœur ou leurs bras.

Il est peu de vos familles qui n’aient pas un proche parent ou un ami, ou une connaissance établis à Paris pour un temps, ou pour le reste de leur vie. Et ce que je vous disais dans la comparaison des deux frères, est très vrai. Pour les trois quarts les gens de Paris sont de votre famille et de voire sang, et, si l’on vous disait que Paris est pris, brûlé, massacré, pillé par l’ordre des rois, il n’y a guère de maisons en France, riche ou pauvre, où l’on n’entendît pleurer pour la mort d’un absent. Vous voyez donc bien que Paris, c’est vous, c’est la France ; c’est la grande commune des communes, la paroisse des paroisses. Rien de ce qui se passe là ne vous est étranger. Paris est à vous comme votre place publique, comme voire église est à vous.

Mais, direz-vous, nous ne refusons pas d’aimer nos frères les citoyens de Paris, de Lyon, de Rouen et de toutes les autres villes grandes ou petites ; seulement