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Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/125

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fusillées, de citoyens graves et tranquilles tués au milieu de leurs réunions. Ô l’immonde journée ! l’immonde régime que le régime militaire, l’immonde élément que l’action de la soldatesque ! Illusions du peuple dans ces dernières années sur la fraternité du peuple avec l’armée, où êtes-vous ? Je n’y ai jamais cru, moi, depuis les journées de juin 1848 et la campagne de Rome.

Je ne m’étonne de rien, mais je n’en suis pas moins consternée. On connaît un mal, on sait qu’il est fatal, inévitable, et cependant on garde toujours au dedans de soi une vague et folle espérance de voir la Providence le détourner par un miracle. Hélas ! la Providence abandonne ceux qui s’abandonnent eux-mêmes. Le jour où le peuple de France n’a pas compris la République, on pouvait s’attendre à le voir châtié par les prétendants.

Ce hideux journal la Patrie fait d’ignobles efforts pour attribuer la résistance civique d’une portion des Parisiens aux socialistes. Elle avoue pourtant que les faubourgs n’ont pas bougé, et que les ouvriers n’ont pris aucune part au mouvement. Le pouvoir est fort