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Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/170

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accomplir rapidement ce progrès et je ne crois pas même qu’il y ait lieu à essayer l’ancienne et charmante manière des dialogues improvisés sur canevas, comme la pratiquait Molière dans ses commencements, comme la pratiquèrent encore longtemps après lui les troupes italiennes fixées en France. Le progrès se fait insensiblement, et le plus difficile n’est pas d’y amener les artistes, mais le public, dont une grande partie préférerait certainement encore aujourd’hui les faux braillards de l’Hôtel de Bourgogne à ces bandes de jeunes aventuriers dramatiques qui posèrent en se jouant les véritables bases de la comédie française.

D’ailleurs, les temps ne sont plus à la bienveillance pour les tentatives d’art. La grande civilisation est essentiellement moutonnière. Plus la société est blasée, plus elle craint de changer quelque chose à ses habitudes. Elle croit déroger en se remettant le passé sous les yeux, elle croit se perdre en faisant une enjambée vers l’avenir. Elle veut rouler vers les nouveaux horizons si doucement qu’elle ne puisse s’apercevoir du voyage.

J’ai pourtant acquis et je garderai toujours