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Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/186

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civile sévissait à l’intérieur, qu’elle n’avait aucune organisation, aucunes finances, presque pas d’hommes ayant reçu une éducation militaire, pas de marine, a conquis un des deux hémisphères, vous pouvez être sûre, mon amie, qu’avant longtemps, et peut-être au moment où j’écris ces lignes, la France aura repoussé les Allemands jusque sur la Sarre.

Si malheureusement je venais à me tromper dans mes prévisions, c’est qu’alors nous serions arrivés à ces époques fatales où les grandes nations achèvent leurs destinées, quelquefois au milieu d’une prospérité factice, comme ces magnifiques navires, comme ces ponts superbes qui, dans les ports, sombrent tout à coup, sans qu’on ait aperçu jamais une fissure, un défaut quelconque, mais qui étaient rongés à l’intérieur par des termites en ne laissant qu’une mince écorce.

Adieu, je vous embrasse de tout cœur.

HENRY BARRISSE.

P.-S. — Je suis en mesure d’assurer que cent mille Italiens viennent au secours de la France, mais ils ne peuvent être prêts avant dix jours ! Dix jours !! ! Je vous donne cette nouvelle comme absolument certaine.


À M. Henry Harrisse, à Paris.
Nohant, 13 août 1870.
Cher ami,

Vous devinez bien ce que je pense. Je suis désolée et non abattue. Inutile d’échanger nos