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Page:Sand - Tamaris.djvu/106

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— Mauvais fruit ! dit-elle. C’est de la vallée d’Hyères, ça ne vaut rien. C’est dans mon pays que ça mûrit !

— De quel pays êtes-vous ? lui demanda la marquise.

— De la montagne, du côté de Monaco.

— Je voyais bien à votre accent que vous n’étiez pas d’ici ; mais pourquoi vous appelle-t-on la Génoise ?

— C’est un vilain nom que les femmes d’ici ont voulu me donner par jalousie ; mais je l’ai accepté et gardé pour les faire enrager.

— Pourquoi est-ce un vilain nom ?

— Parce que ceux de la Provence détestent ceux de Gènes. Il y a une pique pour la pêche. Les Provençaux voudraient garder pour eux tout le poisson des côtes. Autrefois, ils avaient le monopole ; à présent, la mer est à tout le monde, et les bateaux de la côte du Piémont et des autres côtes plus près d’ici viennent prendre ce qu’ils peuvent. Ça ferait des disputes et des tueries en mer, si on osait ; mais les gardes-côtes sont là pour empêcher. Il y en a qui voudraient tuer aussi les gardes pour pouvoir se venger des pêcheurs étrangers et pour voler l’eau de la mer.

— Comment ! voler l’eau de la mer ?

— Oui, oui, pour se faire du sel et ne pas le payer. La loi défend de prendre un seul verre d’eau