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Page:Sand - Tamaris.djvu/116

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en moi quelque trouble insolite, et qu’en s’abstenant de m’interroger il se réservait d’en apprécier la cause par lui-même.

Rentré chez moi, je me débarrassai l’esprit de toutes ces vapeurs fantastiques en écrivant au baron. Durant tout le temps que nous avions passé ensemble, nos journées s’étaient généralement terminées par une ou deux heures de causerie intime, où nous résumions toutes les impressions reçues pour les analyser et les juger en commun. Nous étions le plus souvent d’accord dans nos appréciations, et, quand il nous arrivait de discuter, c’était un plaisir de plus. Le baron avait une lucidité d’esprit, une jeunesse de cœur et une aménité de formes qui me faisaient chérir son commerce et regarder son amitié comme une bonne fortune dans ma vie.

L’entretien journalier de cet excellent vieillard me manquait. Celui de la Florade, plus animé, m’avait rendu un peu infidèle peut-être dans les premiers jours ; mais je ne sentais pas en lui cet appui, ce conseil, cette sagesse qui m’avaient été si salutaires, et, repentant de n’avoir encore écrit à mon vieil ami que de courtes lettres, je me mis à lui écrire un volume que je lui envoyai à .Nice. Je me gardai cependant de lui.dire combien la marquise était liée à mes agitations intérieures ; mais ces agitations, je ne les lui cachai pas, et, m’accusant de faiblesse et de folie, je promis à mon cher mentor de terrasser l’ennemi.