Page:Sand - Tamaris.djvu/138

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de les calmer. Quand on les enflamme et les excite par la passion, on n’a que ce qu’on mérite, s’ils vous étranglent.

— Qu’elle m’étrangle donc, mais qu’elle guérisse !

— Cela pourrait bien arriver. Prenez garde !

— Je vous répondrai comme Paul-Louis Courier : « Eh ! mon ami, quelle garde veux-tu que je prenne ? Celle qui veille à la porte du Louvre… »

— Soit, ce qui est fait est fait. J’ignore si mes pilules d’opium vous serviront de préservatif contre une coutelade ; mais vous devriez bien songer à ne pas vous replonger dans de pareils embarras. Pour peu que votre passé nous en révèle encore deux ou trois du même genre, je crains de fortes atteintes à la tranquillité de votre avenir.

— Oh ! tranquillité, je me ris de toi, s’écria-t-il. Voilà bien la plus forte attrape que les hommes aient inventée. Eh ! mon cher, le cœur de l’homme est fait pour la tranquillité comme un oiseau pour la cage. Amassez donc une provision de tranquillité pour vos vieux jours ! Enseignez-moi où ça se trouve, où ça se vend, et dans quelles bouteilles ça se conserve ! Pendant que je m’amuserai à ficeler et à cacheter ma tranquillité dans une cave, la voûte s’effondrera sur ma tête, ou un tremblement de terre nous engloutira, ma tranquillité et moi ! Nous voici bien tranquilles sur ce navire monumental et bien amarrés dans un port tranquille : où serons-nous dans cinq minutes ?