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Page:Sand - Tamaris.djvu/142

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voyez que je parle comme un sceptique, mais du diable si je le suis ! Puisque la vie est faite d’aspirations, je veux toujours aspirer, et ce que je trouverai, je prétends m’en contenter sans renier Dieu, l’amour et la jeunesse.

— Alors épousez mademoiselle Roque ; vrai, épousez-la !

— Pourquoi ? Je n’ai pas dit que je me bercerais toujours de la même illusion. Je sais que ce n’est pas possible ; je vivrai donc en simple mortel. Je passerai d’une ivresse à l’autre, et je n’aurai jamais le réveil triste, par la raison que je sais qu’il y a toujours du vin.

— Alors vous êtes gai ? L’une pleure, l’autre rugit, toutes deux mourront peut-être…

La Florade m’interrompit par un juron, et pour la première fois je le vis en colère. Il m’accusait de pédantisme et de cruauté. Il se disait et se croyait parfaitement innocent du malheur de ces deux femmes, par la raison qu’il n’avait jamais consenti à être aimé d’elles au détriment de leur honneur ou de leur devoir, ce qui n’était pas rigoureusement vrai.

— Voyons ! s’écria-t-il dans un mouvement d’entraînement oratoire aussi naïf que paradoxal : vous qui parlez, êtes-vous plus prudent que moi ? Qu’est-ce que vous allez faire tous les jours chez cette madame Martin, puisque Martin il y a, qui paraît être