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Page:Sand - Tamaris.djvu/157

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— Écrivez, écrivez dans ma lettre, dit-elle ; ce sera convenable ou non : avec lui, il n’y a pas de malice à craindre. Nous n’avons pas le temps de faire deux lettres. Faites vite ! je vais presser Nicolas.

— Mais non, je pars aussi ; je porterai la lettre…

— Je vous dis que non ! Boumaka (c’était l’âne) ira plus vite que tout le monde.

Malgré son ordre, j’écrivis trois lignes sur une autre feuille. Je cachetai rapidement les deux lettres, et l’envoi partit.

— À présent, dit la marquise, allons vite à la maison Caire !

— Non, j’y ai été ; tout est vu, tout est réglé : je n’ai plus qu’un mot à dire en passant pour que l’affaire soit conclue.

— Allez-y et revenez ; je vous attends sous les pins. N’oubliez pas le denier à Dieu, et, ce soir, à Toulon, vous verrez les propriétaires pour plus de sûreté.

À peine étais-je de retour, oubliant presque déjà ma blessure au rayonnement de son beau et franc sourire, qu’elle me consterna de nouveau en me disant :

— À présent, parlons du fameux la Florade !

Et, comme elle s’aperçut de la stupeur où me plongeait sa trop naïve insistance, elle ajouta en riant :

— Vous n’en revenez pas ! C’est que j’ai un roman à vous raconter. Pourquoi êtes-vous resté huit jours absent ? Il se passe tant de choses en huit jours ! Allons, venez vous asseoir sur mon banc favori, je vais