Page:Sand - Tamaris.djvu/179

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— Vous m’avez vu, et vous vous figurez un tas de choses !… Vous n’êtes pas aussi savant que vous voulez bien le dire.

— Je suis plus savant que toi, lui répondis-je avec aplomb, et je lui débitai en latin quelques préceptes de la cabale des bergers, que j’avais apprise autrefois dans mes montagnes. Il me regardait avec stupeur et méfiance ; il ne comprenait rien à ma traduction latine ; mais certaines formules prétendues arabes ou juives, et qui, sans être réellement d’aucune langue, sont communes à presque tous les sorciers de campagne, le frappaient de respect.

— Où allez-vous ? demanda-t-il.

— C’est à toi de me répondre, lui dis-je d’un ton emphatique ; où vas-tu ?

— À un endroit que tu ne connais pas, répondit-il avec un accent craintif malgré le tutoiement qu’il se croyait forcé d’adopter.

— Je connais tous les endroits, repris-je, curieux de pénétrer le mystère de ses pratiques.

— Comment s’appelle, dit-il, la maison qui est de travers, entre la Seyne et Tamaris ?

— La bastide Roque.

— Combien y a-t-il d’ici ?

— Par terre, sept lieues.

— Et qu’est-ce qui demeure dans la bastide Roque ?

— Une belle fille.