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Page:Sand - Tamaris.djvu/207

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partie du sable et creusé une étroite et profonde vallée entre les deux parois de l’arête restée debout. Cette arête de grès tendre adossée au calcaire qu’elle empâte et cache en grande partie offre, sur un de ses flancs en particulier, les accidents les plus fantastiques ; l’infiltration des pluies, par d’invisibles fissures, a creusé la roche en mille endroits, et des niches arrondies, tantôt en arcades surbaissées, soutenues par des piliers inégaux et trapus, tantôt en cellules profondes comme les alvéoles d’une ruche colossale, criblent la montagne du haut en bas à tous les plans, aussi bien sur les hautes parois que sur les grosses buttes détachées qui accidentent gracieusement les contours de la gorge.

Autour de ces buttes et le long de la muraille ébréchée que percent tout en haut des dents calcaires, le terrain s’est aplani et comme nivelé sous un détritus de sable fécond, et on s’y promène littéralement parmi des tapis de fleurs, sur des sentiers d’un sable fin, sec et blanc, que la pluie a formés avec ce mouvement fantaisiste dont la main de l’homme ne saurait égaler la souplesse. C’était la vraie promenade qui convenait au baron, dont le jarret était encore ferme, mais la respiration courte. Il pouvait donc errer là avec moi, convalescent, durant des heures entières, parmi tous ces gracieux méandres, à l’abri du vent et sous l’ombrage de la forêt qui remplit la gorge. Le long des buttes, les