Page:Sand - Tamaris.djvu/253

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mais les bijoux la fascinaient : elle accepta la bague avec un plaisir qu’elle ne put dissimuler. Je voulais la reconduire, la marquise me retint en s’emparant de mon bras, qu’elle serra encore avec une émotion extraordinaire, et la Zinovèse partit en me disant :

— Restez, restez avec votre dame ! Le bonheur ne dure pas toute la vie, allez ! il n’en faut pas laisser perdre une miette !

— Vous voilà étonné ? me dit la marquise quand nous fûmes seuls. Vous allez prétendre que je me compromets vis-à-vis de cette femme ? Oh ! tant pis, docteur ! Que l’on dise et pense tout ce qu’on voudra de nos prétendues fiançailles, sachez que, malgré mon air brave et tranquille, j’ai très-peur de la Zinovèse. J’ai vu dans ses yeux qu’elle avait le génie du mal, et j’ai remarqué que, quand j’étais sur le point de la blesser, elle a regardé Paul avec une expression diabolique. Si elle croit avoir à se venger de moi, c’est par lui qu’elle cherchera à me faire souffrir. Savez-vous ? plus j’y pense, plus j’ai peur. J’ai envie de quitter le pays pour quelque temps.

— Ne serait-il pas plus simple de prier la Florade de ne pas revenir de quelque temps ?

— Aura-t-il la bonté d’y consentir ? dit la marquise en rougissant de dépit contre lui ou d’émotion secrète.

— La Florade est homme de cœur, repris-je, et, quelque désagréable pour moi que soit la com-