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Page:Sand - Tamaris.djvu/261

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au fond de tout cela je trouvai, sinon le calme, du moins une persistance de résolution et de résignation qu’aucun démon ne put ébranler.

À trois heures du matin, je sentis que j’étais fort pour la journée du lendemain, que je pourrais écouter les confidences, connaître l’histoire mystérieuse de cette passion dont les fils déliés avaient échappé à ma clairvoyance inquiète, enfin me mettre en campagne pour les autres, en guerre ouverte contre moi-même. Je dormis deux heures. Le soleil se levait quand un méchant rêve, résultat de mes préoccupations de la nuit, m’éveilla brusquement. Il me semblait entendre la voix de la marquise m’appeler avec un accent de détresse inexprimable. Était-ce un pressentiment, un avis de la destinée ? Sous l’empire des perplexités, on croit aisément à des instincts exceptionnels. Je m’habillai, je traversai les jardins, je m’approchai de Tamaris, et, au versant de la colline, j’écoutai attentivement. Un calme profond régnait partout. Un petit oiseau chantait. Le golfe, déjà rose, reflétait encore le fanal de quelques pêcheurs de nuit. Je montai encore quelques pas. Je regardai la maison de Tamaris, éclairée à demi par le rayon matinal. Tout était fermé, tout était muet. Rien n’avait troublé le pur sommeil de la mère et de l’enfant.

Comme je redescendais vers ma demeure, j’entendis un frôlement d’herbes et de branches. Je re-