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Page:Sand - Tamaris.djvu/272

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leurs, si vous avez tort, je vous le dirai de bonne amitié. Parlez.

— Alors, monsieur, voilà ce que c’est. Vous allez peut-être au poste du baou rouge ?

— Précisément.

— Eh bien, vous ferez attention, si vous pouvez, que la brigadière compose des remèdes qui ne sont pas, c’est moi qui vous le dis, pour faire engraisser ceux qui les avaleront. Depuis deux ou trois jours, elle ramasse des herbes, oh !… mais des herbes que je connais, moi, parce que, quand mes chevaux les rencontrent dans leur foin, ils reniflent dessus que vous jureriez qu’ils vous disent : « Ôte-moi ça du râtelier ! » Ainsi, monsieur, la brigadière en veut à quelqu’un, peut-être à plus d’un, et je n’aimais pas hier de la voir, autour de votre fontaine, à regarder couler l’eau qui s’en va sur le chemin. Vous sentez, une mauvaise chose est bientôt jetée avec une pierre ; ça va au fond, ça se pourrit, on boit là-dessus ; ça a beau être de l’eau courante… J’ai été en Afrique, moi, et ailleurs encore, et je sais comment on joue ces tours-là quand on croit au diable. Je suis sûr heureusement qu’elle n’a pas monté jusqu’à la source, qui d’ailleurs est fermée à clef ; mais faites-y attention, si elle va encore rôder par là. Faites toujours puiser au creux de la source, et qu’on ne la laisse pas ouverte.