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Page:Sand - Tamaris.djvu/274

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crayon pour que la marquise ne prît pas trop au sérieux cet avis inquiétant et pour lui dire que c’était probablement, de la part de Marescat et de la mienne, un excès de zèle, mais que la prudence n’était jamais regrettable, lors même qu’elle ne conjurait que les souffrances de l’imagination. Je continuai donc ma route, et j’arrivai au poste des douaniers vers neuf heures du matin.

Le brigadier avait déjà commencé sa ronde. Je trouvai la Zinovèse seule avec ses deux petites filles, repassant du linge qu’elle plissait avec grand soin, et en apparence avec une grande présence d’esprit. L’aînée des enfants donnait à sa sœur une leçon de lecture, et de temps en temps se levait pour reporter près du feu les fers dont sa mère s’était servie et lui en rapporter d’autres chauffés à point. Avant de me montrer, j’examinai un instant par la porte entr’ouverte cet intérieur propre, rangé, luisant, ces enfants bien peignés, soumis et attentifs, cette femme active et sérieuse, ces images de dévotion, ce lit d’un blanc irréprochable, orné au chevet d’une palme dorée et bénite passée dans le bras d’un crucifix noir. Rien n’annonçait là des préoccupations sinistres, et la délicate figure de la Zinovèse avait même une expression de recueillement austère que je ne lui connaissais pas. Pourtant son œil s’arrondit sous sa paupière contractée en me voyant.

— Ah ! vous voilà ! dit-elle.