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Page:Sand - Tamaris.djvu/282

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je n’ai pas eu le temps de me mettre au-devant. Seulement, j’ai empêché Louise de crier, maman n’aime pas ça. Elle est rentrée, maman, et puis elle est revenue sur la porte et elle a dit ; « Ne faites pas de bruit, il faut que je dorme ! » Nous n’avons pas bougé, et Louise a pleuré tout bas, vrai, mon petit père, Louise a été bien sage !

— Est-ce que ça ne vous étonne pas, me dit Estagel, qu’elle puisse dormir tout d’un coup comme ça après une colère pareille ?

— Si fait, un peu, répondis-je. Restez avec les enfants, distrayez ma petite blessée, faites qu’elle oublie. Je vais voir l’autre malade.

J’entrai, et, ne voyant pas la Zinovèse, je passai dans la chambre voisine et la vis étendue sur son lit, non loin du lit de ses petites filles. C’est là que la Florade avait passé la nuit.

La pièce était très-sombre, je ne distinguais que vaguement les traits de la Zinovèse. J’ouvris le volet de la fenêtre, et je fus frappé de la pâleur livide répandue sur les traits de la malheureuse femme. Elle dormait les yeux à demi ouverts, sa peau était froide et comme visqueuse. En cherchant son pouls, je trouvai dans sa main un papier froissé qu’elle voulut machinalement retenir par une légère contraction des doigts, mais que je saisis et me hâtai de lire, certain de trouver là le plus prompt des éclaircissements. C’était écrit au crayon et en peu de mots :