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Page:Sand - Tamaris.djvu/305

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marquise, je lui ai parlé. Est-ce qu’elle ne te l’a pas dit ?

— Elle me l’a dit, tu me le rappelles.

— Eh bien, tu sais ce qu’elle m’a confié ?

— Non, et je crois qu’elle ne t’a rien confié du tout.

— Si fait ! J’allais me déclarer, car je la trouvais seule et je me sentais du courage ; il y a comme cela des jours maudits que l’on prend pour des jours propices ! Eh bien, elle ne m’a pas laissé parler pour mon compte, et, comme je lui faisais, en manière de préambule, un tableau passionné de l’amour dans la fidélité et la sécurité du mariage, elle m’a interrompu pour me dire : « Oui, vous avez raison, c’est ainsi que j’aime mon fiancé, c’est ainsi que je l’aimerai toujours. — Mon Dieu ! quel fiancé ? qui donc ? » ai-je dit. Elle a tiré de sa poche une carte de visite à ton nom et me l’a donnée avec un cruel et terrible sourire féminin, en disant : « Gardez cela, montrez-le à madame Estagel de ma part, et rendez-lui ma bague, ou je vous tiens pour un malhonnête homme ! »

Il me sembla d’abord que la Florade me faisait un roman, comme il en faisait quelquefois, même en état de santé ; mais je me rappelai tout à coup une circonstance que je n’avais pas songé à m’expliquer. Avec sa coiffure d’uniforme et divers objets échappés de ses poches pendant sa chute sur la