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Page:Sand - Tamaris.djvu/58

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nous pour servir la demoiselle et la vieille sorcière noire, qui n’est plus bonne à rien. C’est de l’ouvrage, allez ! des femmes qui ne s’aident non plus que deux pierres ! Et aller aux champs, et tout faire, et gagner si peu ! Bonsoir, monsieur, il faudra avoir égard à nous, qui sommes les plus à plaindre !

Après ce discours, débité avec une volubilité effrayante, elle remit sur sa tête un paquet de bruyère coupée et suivit son père, qui était déjà loin.

À peine eus-je repris le chemin de Tamaris, que je vis M. Aubanel venir à ma rencontre.

— Retournons, me dit-il ; vous voilà, sans le savoir, tout près de votre propriété ; je vais vous y conduire.

— Oh ! grand merci ! m’écriai-je, j’en viens, et j’en ai assez !

Et je lui racontai mon aventure, sans lui parler de ce que je croyais devoir lui taire ; mais il me prévint.

— Ne vous inquiétez pas tant de sa position, me dit-il ; mademoiselle Roque a une liaison. J’en suis sûr à présent, la fille de son fermier a causé avec la femme du mien. On ne sait pas encore le nom du personnage. Il vient, le soir, bien emmitouflé ; mais, quoiqu’il ne soit pas très-assidu, il paraît qu’il a l’intention d’acheter votre part pour la lui donner. Attendez les événements, et ne vous montrez pas trop coulant avant de savoir à qui nous avons affaire.