Page:Sand - Tamaris.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

par une passion insensée ; car, au lieu de l’aborder avec satisfaction comme de coutume, je sentis en moi un mouvement de jalousie amère, et une seule idée me vint à l’esprit : c’est qu’il venait encore de rôder autour de Tamaris, peut-être de voir la marquise et de lui parler ou d’attirer son attention.

La Florade ne comprit rien à ma figure bouleversée, sinon que la fantaisie de sa promenade en capuchon par un si beau temps m’étonnait beaucoup. Il se hâta, après m’avoir serré la main avec autant de cordialité que de coutume, de me dire qu’il avait été pris le matin d’une insupportable névralgie dans l’oreille, et qu’il venait de se guérir en se promenant au soleil la tête empaquetée.

— Je suis sujet à cela, ajouta-t-il ; mais je sais le remède, et pour moi il est infaillible : porter le sang à la tête.

— C’est très-ingénieux ! lui répondis-je d’un ton probablement assez aigre, car il en fut frappé et me demanda brusquement ce que j’avais.

— Peut-être une douleur d’oreille aussi ! repris-je du même ton maussade.

Mais je me sentis parfaitement ridicule, et j’essayai de simuler l’enjouement en lui faisant entendre que je n’étais pas sa dupe, et que son capuchon arabe ne couvrait pas une ruse digne d’un Arabe, mais une très-peu discrète entreprise sous quelque balcon d’alentour.