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Page:Sand - Tamaris.djvu/91

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à ce qui se passe au fond de l’eau. La patiente occupation de ce digne homme fait vraiment partie de ma sérénité… Mais il n’est pas seul en ce moment-ci ? Je vois un officier de marine avec lui, il me semble…

Je ne répondis rien. Madame d’Elmeval regardait la Florade, et ce regard jeté de si loin sur lui, ce regard qui pouvait à peine distinguer son costume, m’enfonça des aiguilles dans le cerveau. Elle venait de me peindre son bonheur moral et le calme de sa belle âme avec tant de conviction et de simplicité ! Extravagance ou pressentiment de ma part, elle me fit l’effet d’une somnambule qui va s’éveiller au bord d’un abîme.

Elle partit dans une vieille calèche qu’elle louait à la Seyne, et que conduisait un bonhomme très-sûr et très-adroit avec des chevaux ou des mulets habitués à tout gravir.

— Ceci n’est pas un équipage de luxe, me dit la marquise en riant ; mais c’est solide, ça passe dans des chemins impossibles, et avec ce conducteur-là je n’ai peur de rien. Jamais je n’ai fait que bâiller dans mon landau au bois de Boulogne ; ici, je m’amuse de tout et je m’intéresse à tout ce que je vois. Nous allons ainsi jusqu’où nos pieds peuvent nous porter. Au revoir ! nous vous attendrons à l’entrée de la forêt, chez le garde…

Je savais que la Florade devait retourner à son