Aller au contenu

Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

MADEMOISRLLE nUPARC.

C’est ce qu’il convient de faire. Que Molière s’en lire comme il pourra.

MADEMOISELLE HERVÉ.

Je pense comme vous.

MADEMOISELLE DUCROISY.

C’est mon avis, et sauve qui peut !

MADEMOISELLE MOLIÈRE, à son mari.

Aussi c’est bien fait, et voilà la peine de vos entêtements. Tons les acteurs et tous les nécessaires se sauvent. Molière reste seul et consterné.




Scène IX


MOLIÈRE, seul.

Le roi attend, le roi a attendu !… Je suis un homme désespéré, un homme perdu, un homme mort ! Ah ! maudite soit l’heure où j’acceptai les commandements d’un roi, le renom d’auteur et la livrée de comédien ! Maudite soit ma femme ! maudite soit ma troupe ! maudite soit ma pièce ! (il se promène avec agitation.) Oh ! l’étrange faiblesse, et l’aveuglement effroyable de hasarder ainsi les intérêts de son honneur, pour la ridicule pensée d’une obligation chimérique ! N’est-ce point l’amour-propre qui m’a conseillé d’accepter à faire une comédie en si peu de temps ? et ma femme n’aurait-elle pas raison de me reprocher d’avoir fait le courtisan en agissant de la sorte ? (Il se promène.) Assurément, quand je considère ma vie, il ne me semble point que j’aie encouru le reproche d’hypocrisie, ce vice à la mode qui jouit, en repos, d’une impunité souveraine. De tout temps, je me suis avisé que le personnage d’homme de bien est le meilleur qu’on puisse jouer, et, si j’ai marqué de l’attachement au roi, c’est que sa bonté m’a fait son obligé avant que sa puissance m’ait fait son serviteur. Oui, mon cœur, je crois que tu es honnête, et que tu es plus sensible à des marques d’estime qu’à des faveurs de fortune… Sans cela, où