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Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/213

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vaise langue, moi ? est-ce que je vous ai jamais dit du mal de quelqu’un, même un mot contre ce François, dont j’étais bien un peu jaloux, malgré moi ?

MARIETTE.

C’est la vérité.

JEAN.

Eh bien, donc, croyez-moi, quand je vous dis que je vous aime. Dire que je suis fâché du bien que vous avez, serait mensonge et niaiserie, et pourtant, devenez pauvre, et vous verrez si je ne vous épouse pas, quant au reste.

MARIETTE.

C’est assez, Jean. Vous êtes un honnête homme et un bon cœur, et votre tante m’est assez connue. Il y a déjà quelque temps que j’ouvre les yeux, et que j’ai sujet de me méfier d’elle. Adieu, Sévère, je vous prie de ne jamais venir ici pour moi ; autrement, je me joindrais aux autres pour vous en faire sortir.

SÉVÈRE, à part.

Tudieu ! ça va bien ; et voilà la petite qui se met aussi contre moi ! (Haut.) Oh ! Mariette, vous n’y songez point, j’en sais long sur votre compte, et ce n’est point après toutes les confidences que j’ai reçues de vous qu’il est prudent de vous brouiller avec la Sévère.

JEAN.

Assez, ma tante ; on ne vous écoute point. Je connais Mariette mieux que vous, et vous ne réussirez point à me dégoûter d’elle. Allons, détalez, car vous m’échauffez le sang, et j’oublierais le respect que je vous dois.

SÉVÈRE.

Tu me le revaudras, toi !

JEAN.

On ne vous craint plus, on vous connaît ; on sait bien que vous ne faites de mal qu’à ceux dont vous n’avez point peur.

Sévère sort en montrant le poing.