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Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/103

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bien entrer en servage, je vous permets de dire de moi : « Voilà un paysan qui m’appartient. » Oui, oui, embrassez-moi, me voilà vendu à vous… puisque vous aviez toute mon amitié et qu’à présent vous aurez toute mon estime. (Se retournant vers Marcasse et riant.) Et lui, le sergent ! c’était son idée, quoi ! Enfin, vous voilà revenus ! Croyez-moi, si vous voulez, quand ils m’ont dit : « Ils sont là ! » j’ai pas été étonné du tout, j’avais rêvé de vous à c’te nuit… Et puis on avait beau vous croire morts et vous pleurer, je disais toujours : « Ils reviendront. »

BERNARD.

On m’a pleuré ?… Oui, quelques jours, quelques semaines, et puis… Va, ne m’apprends rien, j’en sais déjà assez.

PATIENCE.

Qu’est-ce que vous savez ?… On dit bien des choses ; mais on ne me dit rien, à moi, c’est ce qui prouve qu’il n’y a rien !

BERNARD.

Ah ! ainsi tu n’es pas sûr… ?

PATIENCE.

Si fait ! mais, dame ! M. le chevalier est si seul à présent ! depuis qu’Edmée a refusé tant de prétendants, il se trouve comme brouillé avec son entourage, c’est ce qui fait que monsieur…

BERNARD.

Ah ! oui !

PATIENCE.

Mais je vous jure bien qu’Edmée… Tenez, je ne suis pas en peine… vous vous expliquerez… elle vient ici.

BERNARD.

Elle vient !

PATIENCE.

Oui, elle m’y a donné rendez-vous ce soir, avec le médecin, pour la mère Tourny, et, en passant… D’ailleurs, nous allons courir au-devant d’elle, pas vrai ? Ah ! mais non, je…

BERNARD.

Quoi donc ? que crains-tu ?