Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/152

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CÉLIA, Roland, qui est sur le devant.

Jeune homme, pourquoi défiez-vous Charles ?

ROLAND.

C’est lui, madame, qui a porté un défi général. Je viens, comme les autres, essayer contre lui les forces de ma jeunesse.

CÉLIA.

Votre audace est trop grande. Nous vous prions de prendre meilleur soin de vous-même et de renoncer à cette entreprise.

ROSALINDE, émue.

Faites-le, monsieur ; votre honneur n’en souffrira pas. Ma cousine obtiendra de son père que la lutte n’ait pas lieu aujourd’hui.

ROLAND, embarrassé et s’animant peu à peu.

Ah ! il m’en coûte de refuser quelque chose à des dames si… si belles… et si douces ! Mais ne m’en punissez pas ! Que vos regards, et vos vœux me protègent. Si je suis vaincu, la honte en sera pour moi seul, que rien ne distingue de la foule, et qui, privé de tout autre mérite, n’ai que du courage à montrer. Si je suis tué, il n’y aura pas grand mal ! nul ami ne me pleurera ; je n’aurai rien à regretter en ce monde, où je n’ai rien, où je ne fais rien, où je ne suis rien… J’y laisserai vide une place qui sera mieux occupée par tout autre que par moi.

ROSALINDE, émue.

Hélas ! je voudrais pouvoir ajouter le peu de force que j’ai à la vôtre.

CÉLIA.

Et je vous donnerais la mienne aussi de bon cœur !

ADAM, à Roland, que Jacques essaye de dissuader.

Ne luttez pas, votre perte est résolue !

OLIVIER, bas, à Charles, en entrant par le devant à gauche.

Ne te laisse pas surprendre. Il a plus de vigueur qu’on ne croirait !

Il fait à part le geste de loucher son cou, que Roland a endolori.