Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/170

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thode : il a l’œil sévère, et débite à tout propos de graves maximes et des sentences rebattues. Puis arrive le sixième âge, un pâle Cassandre, avec ses pantoufles, ses lunettes sur le nez, ses poches sur les côtés ; les chausses de sa jeunesse, plus durables et mieux conservées que sa personne, flottent trop larges sur sa cuisse amaigrie ; sa voix est devenue un fausset qui bégaye et siffle comme celui d’un enfant. (Il se lève sur place.) Enfin, la dernière scène, celle qui vient clore cette fatigante histoire de la vie, une seconde enfance, un état d’oubli stupide, un fantôme sans yeux, sans dents, sans goût, sans rien !… Voilà ce que j’ai vu, et, sur ma parole, cela ne valait pas le voyage.

Il passe à gauche, les autres remontent vers le duc. Amiens reste un peu plus en avant, s’assied, et s’apprête à manger.
UN SEIGNEUR.

Ce pauvre Jacques, il est toujours le même, il ne se corrigera point !

TOUCHARD, aux seigneurs.

Il a bien parlé ! c’est un élève qui me fait honneur… (On rit.) Mais vous riez, et je vois bien que nous perdons notre temps, lui et moi, à vouloir instruire des gens frivoles. — Mangeons.




Scène IV


Les Mêmes, ADAM, ROLAND, venant par les rochers du premier plan et s’arrêtant sur le devant du théâtre, à gauche.
ROLAND, à Adam, qu’il soutient.

Comment donc, Adam ! tu n’as pas plus de courage que cela ? Tiens ! nous sommes sauvés, et, quels que soient ces gens-ci… (il tire son épée), je ne te laisserai pas mourir faute d’un repas ! (Il s’élance vers Amiens, et il étend la pointe de son épée sur sa corbeille.) Arrêtez, et ne mangez plus !

AMIENS, souriant.

Ah oui-da ? Je n’ai pas encore commencé !