Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/362

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LA MARQUISE.

Non, vous dis-je ; je n’ai pas besoin d’un Frontin dans ma maison.

LE DUC.

Mais vous êtes à cent lieues de la vérité, ma mère ! Pierre me quitte parce que je le scandalise. C’est un protestant rigide, un vrai puritain, un sage, un antique ! Je ne suis même pas bien certain qu’il ne soit pas en bronze.

LA MARQUISE.

Enfin il a été le complice de vos folies ?

LE DUC.

Oui, mais comme un bon chien est complice du larron, par instinct du devoir.

LA MARQUISE, à Caroline.

Quelle figure a-t-il ?

CAROLINE.

Je ne l’ai pas vu, je sais qu’il est là.

LA MARQUISE.

Eh bien, voyez-le, ma chère enfant, et, s’il vous inspire de la confiance, arrêtez-le, je m’en rapporte à vous. (Le duc s’approche de Caroline pour lui rendre la lettre. — La marquise au duc.) Vous, je vous emmène.

LE DUC.

Vous ne voulez pas que mademoiselle de Saint-Geneix reste un seul instant avec moi ?

LA MARQUISE.

Quelle fatuité ! Je veux tout simplement vous réconcilier avec la baronne, qui nous apporte une bonne nouvelle.

LE DUC, lui offrant son bras.

Une vraie nouvelle, ou une nouvelle de son invention ?

LA MARQUISE.

Vous allez voir.

LE DUC, en s’en allant.

Mademoiselle de Saint-Geneix, je vous recommande Pierre ; c’est un trésor.

Il sort avec sa mère par la porte de gauche.