Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/385

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE DUC.

Le mari ne me connaît pas.

URBAIN.

Non.

LE DUC.

Il ne peut pas me soupçonner.

URBAIN.

Eh bien ?

LE DUC.

Eh bien, je reconnais ton fils. Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’il me reste un enfant de ma vie passée, on s’étonnera même qu’il ne m’en reste qu’un. Je le prends avec moi, je l’élève, tu deviens son oncle pour le monde, et, s’il n’a plus de mère, il a deux pères ; c’est une compensation. J’ai toujours eu envie d’avoir un enfant. Un qui me viendra de toi vaudra probablement mieux que celui dont je me serais mêlé.

URBAIN.

Mon brave Gaétan, tu rêves, ton nom ne t’appartient pas ?

LE DUC.

Si fait ! mon nom ne m’a encore servi qu’à faire des sottises, il est temps qu’il me serve à faire une bonne action. J’ai brisé ma vie, laisse-moi en utiliser les morceaux. Cet enfant est un obstacle à ton mariage ? Je supprime l’obstacle. Ma mère commence par gronder, on lui montre l’enfant, elle le trouve charmant, il doit l’être. Elle pardonne, tu te maries, arrivent les enfants légitimes, tout s’arrange.

URBAIN.

Merci, mon ami !

LE DUC.

Tu acceptes ?

URBAIN.

Non pas ! je refuse ! Un nom, vois-tu, c’est un esclavage, et je veux que mon fils soit libre. Élevé dans les montagnes par des paysans, il commence par acquérir la force physique… Plus tard, je lui donnerai la force morale ! Peut-on l’avoir.