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Scène XI

MERCURE, BACTIS.
MERCURE.

Maintenant, suis-moi et réjouis-toi de ton sort. Tu es trop beau pour faire la guerre ; je vais te vendre à mon profit à quelque vieillard qui te fera son héritier, ou à quelque satrape d’Asie qui te comblera de richesses.

BACTIS.

Tu prétends tromper ainsi Chrémyle et frauder l’État ? Prends garde, misérable ! je vais te prouver que j’ai la force de combattre !

MERCURE.

Frappe un dieu, si tu l’oses ! je suis Mercure !

BACTIS.

Tu n’es pas Mercure, ou Mercure n’est pas un dieu.

MERCURE, détachant de longues chaînes d’or qui lui servent de ceinture.

Reconnais-moi à ces attributs, qui, pour tous les hommes, sont des arguments de persuasion sans réplique. Je vais te lier et te conduire à l’ennemi.

BACTIS, brisant la chaîne dont Mercure l’a enlacé.

Ces liens sont faibles, Mercure ; ils ne retiennent dans la honte que les pervers et les lâches.

MERCURE.

Quelle divinité te protège donc, ô toi que ces chaînes d’or ne peuvent soumettre ?


Scène XII

MERCURE, BACTIS, LA PAUVRETÉ.
LA PAUVRETÉ.

Moi !

MERCURE.

Toi, ô laide et trois fois maudite ! Oses-tu bien paraître devant mes yeux ?