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Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/401

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vant elle.) L’écriture de Sylvia contrefaite, la lettre à Fabio, Fabio calomnié !… Il a rendu la cassette, il est en prison.

SYLVIA.

Que signifie tout cela, mon Dieu ?

MARIELLE.

Et qui donc a fait tout cela ?

ERGASTE.

L’infâme Desœillets.

MARIELLE.

Un homme à qui je n’avais jamais refusé ma pitié ! Mon Dieu, pardonnez-lui !… Mais ne me trompez-vous point pour me consoler ?

SŒUR COLETTE.

Te tromperais-je, même par amitié, moi ? Sache donc que ta femme, enlevée par les ordres d’un impie, avait été enfermée à Grenoble, dans un couvent où je me suis naturellement arrêtée pour prendre gîte et faire mes dévotions. Là, j’ai retrouvé Sylvia, faussement arrêtée par l’ordre de ses parents. Le prince écrivit de Paris, se donnant comme médiateur et s’offrant à reprendre Sylvia pour la ramener à sa parente ; il espérait que l’ennui de la captivité vaincrait sa vertu. Les religieuses étaient trompées. J’ai fait connaître la vérité, j’ai parlé avec force, j’ai réclamé Sylvia comme ma belle-sœur, et je te la ramène.

MARIELLE.

Oh ! tu dis vrai, ma sœur, je le vois ! Et, en ce cas, je suis plus heureux que je ne mérite. Voyez, mes amis, comme Dieu me bénit et me récompense pour le peu de bien que j’ai pu faire en ma vie ! Une femme comme elle ! un ange !… Oh ! mais quel est donc ce misérable ? Je le châtierai !

SŒUR COLETTE.

Ne songe qu’à être heureux. Vois tous tes amis, toute ta famille autour de toi, et digne de toi !

MARIELLE.

Mon bon Ergaste, mon grondeur de Florimond, qui m’aime aussi, je le sais ! (Vers Pierrot.) Et lui, qui me soigne si bien !