Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/159

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précédemment occupée à Riom. Elle me menaçait, à mots couverts, de tout révéler à la belle-mère. J’ai dû financer d’autant plus que je crois l’honnête et pieux mari parfaitement d’accord avec la femme pour exploiter la situation sans avoir l’air d’en connaître le fond. Pourtant j’en ai été quitte à meilleur marché que le billet de vingt-cinq mille, et je me promettais, aussitôt la majorité atteinte, d’envoyer promener la nourrice. Malheureusement, et contre le gré de ma sœur, qui ne l’aime pas et s’en méfie, elle a revu très-souvent Marie depuis qu’elle est à Vignolette. Elle a gardé fidèlement ses secrets, mais elle n’a pas manqué de me desservir auprès d’elle, et je suis certain qu’elle lui a suggéré de chercher un autre mari. De qui a-t-elle fait choix pour me supplanter, et sur qui fonde-t-elle son nouvel espoir de fortune ? Je ne sais qu’une chose : c’est que ce soir Henri a abordé mademoiselle de Nives comme une personne qui lui aurait donné rendez-vous, qu’ils se sont parlé bas avec beaucoup de feu pendant les repos de la bourrée, et qu’ensuite il a disparu avec elle. Moi qui croyais avoir si bien manœuvré en éteignant le fanal, j’ai eu là une belle idée ! Ils en ont profité pour se sauver ensemble ! »

— Où veux-tu qu’ils se soient sauvés ? Si c’est à Vignolette, je suis bien certain qu’Henri ne se permettra pas d’en franchir le seuil.