Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/310

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brouette ; moi, je n’ai aucune espèce de voiture à vous offrir, je me sers de mes jambes et ne m’en trouve pas plus mal.

— Je sais, parbleu, bien me servir des miennes, un paysagiste ! et je sais aussi porter mon attirail sur mon dos quand il est bien outillé. Vous verrez ça demain, mais pour aujourd’hui je préfère l’homme et la brouette.

— Attendez-moi là, dit Pierre.

Et il entra pour donner les ordres nécessaires. Au bout de cinq minutes, il vint rejoindre son hôte, et ils se mirent en marche. La première parole de Philippe étonna passablement André.

— Est-ce que vous avez beaucoup de jolies femmes dans ce pays-ci ?

— Ouvrez les yeux et vous verrez, répondit Pierre en riant.

— J’ai l’habitude de les ouvrir, reprit le jeune peintre, c’est mon état, et je viens de voir passer une drôle de petite personne, à cheval, trottant comme une souris, le cheval, s’entend !

— Seule ? dit André subitement ému.

— Toute seule… sur un petit cheval gris de fer à crins noirs.

Pierre feignit de ne pas comprendre de qui il s’agissait, bien qu’il ne pût s’y méprendre.

— Et vous dites qu’elle est jolie ?

— Je ne l’ai pas dit, de peur de me tromper, elle filait si vite ;… mais le fait est qu’elle m’a paru charmante.