Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/339

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lade ; vous pensiez que je ne vivrais pas. À présent que vous me voyez bien vivante, vous n’avez plus besoin de vous inquiéter de moi.

— Tu vois bien pourtant que je ne me suis pas couché cette nuit par inquiétude.

— Mais quelle inquiétude ? Voyons ! Quel danger puis-je courir avec M. Philippe Gaucher ? N’est-il pas un honnête homme ? À son âge, on n’est pas corrompu, et d’ailleurs je ne suis pas une enfant pour ne pas savoir me préserver des belles paroles d’un jeune homme.

— Il n’y a en effet que le danger de faire jaser sur ton compte avant que tu sois décidée à laisser dire,… toi qui crains tant les propos jusqu’à ne pas me permettre de te voir chez toi !

— Oh ! vous, mon parrain, ce serait plus grave. On sait bien que vous ne m’épouseriez pas ; vous n’êtes pas dans le même cas qu’un jeune homme qui veut s’établir.

— Que dis-tu là ? c’est absurde. Je ne t’épouserais pas, si j’avais eu le malheur de te compromettre ?

— Si fait ! vous m’épouseriez par point d’honneur, et je ne voudrais ni vous mettre dans un pareil embarras, ni être forcée d’accepter le mariage comme une réparation.

Toutes les paroles de Marianne troublaient profondément André. Ils s’étaient arrêtés, elle dans l’eau où Suzon avait voulu boire, lui,