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Page:Sand Musset Decori - Correspondance.djvu/171

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âme sort de sa chrysalide. Si, dans son engourdissement, elle a produit de si beaux poèmes, quels sentiments, quelles idées en sortiront maintenant qu’elle a déployé ses ailes ? Aime et écris, c’est ta vocation, mon ami. Monte vers Dieu, sur les rayons de ton génie, et envoie ta muse sur la terre, raconter aux hommes les mystères de l’amour et de la foi. Et n’aie pas peur. Dirige mieux ton orgueil, ne l’étouffe pas, tu n’en as pas trop, et à voir quels buts puérils tu lui donnais, j’ai souvent cru que tu n’en avais pas assez. Mais il n’était qu’endormi, ce juste orgueil qui te fait dire maintenant : Je vais me livrer, je vais me risquer. Oui, cela est beau et grand. Tous les sots ont l’orgueil de dire : Je ne me risque pas, moi ! — Ils tiennent à leur repos comme les inutiles à la vie. Un homme comme toi n’est complet que lorsqu’il s’est livré.

T’ai-je dit que j’avais fait mes adieux à l’enthousiasme ? Si je l’ai dit, j’ai voulu parler de cet