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Page:Sand Musset Decori - Correspondance.djvu/65

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à la poste. Peut-être m’avais-tu écrit ; mais j’avais retenu mes places tout de suite en arrivant et le hasard a voulu que le courrier de Venise, qui arrive toujours deux heures avant le départ de la diligence de Genève, s’est trouvé en retard cette fois. Je t’en prie, si tu m’as écrit à Milan, écris au directeur de la poste de me faire passer ta lettre à Paris ; je la veux, n’eût-elle que deux lignes. Écris-moi à Paris, mon amie, je t’ai laissée bien lasse, bien épuisée de ces deux mois de chagrin ; tu me l’as dit d’ailleurs, tu as bien des choses à me dire. Dis-moi surtout que tu es tranquille, que tu seras heureuse. Tu sais que j’ai très bien supporté la route. Antonio doit t’avoir écrit. Je suis fort, bien portant, presque heureux. Te dirai-je que je n’ai pas souffert, que je n’ai pas pleuré bien des fois dans ces tristes nuits d’auberge ? Ce serait me vanter d’être une brute, et tu ne me croirais pas.

Je t’aime encore d’amour, George. Dans