Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/191

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Si la nouvelle disposition des anciens signes n’était qu’un nouveau symbole, elle ne symboliserait rien avant qu’une nouvelle signification ne lui ait été donnée par une définition spéciale ; mais une expression exprime son propre sens, on ne peut lui donner un sens post festum. Illustrons cette différence par un exemple. Si je sais que le signe représente un certain son, nous n’avons affaire qu’à une simple représentation, et donc le même signe renversé n’aura aucune signification tant qu’on ne nous aura pas expliqué que, par une convention arbitraire, il doit représenter un certain autre son (double-v) ; dans ce cas donc, nous avons seulement formé un nouveau signe à partir d’un ancien.

Prenons maintenant un exemple d’Expression réelle. Si nous comprenons le sens de la proposition « l’anneau est posé sur le livre », et si nous en réarrangeons les parties de manière à former la phrase « le livre est posé sur l’anneau », nous comprenons immédiatement le sens de la seconde proposition, sans explication. Il n’est pas nécessaire d’attendre qu’un sens lui soit attribué, le sens est déterminé par la phrase elle-même. Si nous savons quel état de fait est décrit par la première proposition, nous savons nécessairement aussi quel fait est décrit par la seconde ; il n’y a ni doute ni ambiguïté.

Répétons-le : la signification d’un simple symbole (un nom) doit être expliquée séparément, le sens d’une expression (une proposition) s’explique de lui-même, si l’on connaît seulement le vocabulaire et la grammaire de la langue.

5. Structure et matière.

Jusqu’à présent, nous avons constaté que la possibilité d’expression semble dépendre de la possibilité d’arranger les signes de différentes manières, en d’autres termes, que la caractéristique essentielle de l’expression est l’Ordre. La parole est basée sur un ordre temporel des signes, l’écriture sur un ordre spatial. Lorsque nous lisons une phrase écrite à haute voix, son ordre spatial est traduit dans l’ordre temporel de la phrase parlée. La possibilité d’une telle traduction prouve que le caractère spatial ou temporel particulier des différentes langues n’est pas pertinent pour l’expression ; l’ordre qui lui est essentiel doit être d’un type plus général ou abstrait, il doit s’agir de quelque chose qui appartient à la parole aussi bien qu’à l’écriture, ou même à tout autre type de langue. Ce n’est pas l’ordre spatial qui est requis, ni l’ordre temporel, ni aucun autre ordre particulier