Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/200

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même, avec certains centres cérébraux), mais comme de quelque chose qui est fait de contenu, ce qui est évidemment considéré comme la nature intrinsèque de certains « états de conscience ». Nous verrons plus loin que tout cet argument n’a pas vraiment de sens ; mais avant de le démontrer, nous allons rester quelque temps à un niveau où les phrases de ce genre semblent avoir un certain sens. Cela impliquera l’utilisation d’un langage incorrect de notre part, mais pour des raisons de clarté, nous n’en aurons pas peur et nous ajouterons les corrections nécessaires en temps voulu.

L’argument ci-dessus, ou un argument similaire, apparaît dans de nombreuses discussions métaphysiques, et nous devrons expliquer plus tard qu’il doit être considéré comme l’argument typique de la métaphysique. Les métaphysiciens qui l’utilisent lui attribuent le caractère d’une déduction par analogie et sont donc prêts à admettre que la conclusion n’est pas absolument certaine. Ils disent qu’il est seulement « hautement probable » que les perceptions visuelles de deux individus aient pratiquement le même contenu lorsqu’ils regardent le même objet et qu’ils sont tous deux dotés d’yeux, de nerfs optiques et de centres cérébraux sains. Nous nous déclarons satisfaits de cet aveu et attirons l’attention de notre philosophe sur le fait que, selon lui, il existe une possibilité, même faible, que le contenu de la perception visuelle d’une personne soit tout à fait différent de celui d’une autre personne. Il devrait admettre qu’il est possible que le contenu qui surgit dans l’esprit du premier homme lorsqu’il regarde quelque chose soit similaire, ou même identique, au contenu des perceptions qui surgissent dans l’esprit du second homme lorsqu’il écoute quelque chose. En d’autres termes, ce que la première personne appelle « couleur » serait appelé « son » par la seconde personne, si elle pouvait faire l’expérience du contenu de la première. Si le deuxième homme pouvait soudainement entrer dans l’esprit du premier, il pourrait s’exclamer : « Oh, maintenant j’entends avec mes yeux et je vois avec mes oreilles ! » (Le lecteur se souviendra que je parle comme si le premier argument des métaphysiciens avait un sens réel).

Or, comme un tel échange de personnalités ne peut avoir lieu (et cette impossibilité n’est pas seulement empirique ou pratique, mais, comme nous le comprendrons plus tard, une impossibilité logique, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de sens dans l’hypothèse), la prétendue différence de contenu ne pourra jamais être découverte aussi longtemps que nous supposerons que l’ordre et la structure de toutes les perceptions restent les mêmes. En effet, cette hypothèse signifie que toutes les réactions par lesquelles