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Page:Senancourt Obermann 1863.djvu/378

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cela : son cœur attend, son intelligence conduit. Pendant qu’il est à sa place, il marche à sa fin, qui est l’ordre en grand, et une amélioration du sort des hommes. Il voit, il veut, il fait. Celui dont on peut dire : Il a tel faible ou tel penchant, sera un homme comme les autres. Mais l’homme né pour gouverner est juste et absolu. Désabusé, il serait plus encore ; il ne serait pas absolu, il ne serait pas le maître : il deviendrait un sage.

LETTRE LXXXV.

Im., 12 octobre, IX.

Je le craignais comme vous. Il était naturel de penser que cette sorte de mollesse où mon ennui m’a jeté deviendrait bientôt une habitude presque insurmontable ; mais, quand j’y ai songé davantage, j’ai cru voir que je n’avais plus rien à en craindre, que le mal était déjà dans moi, et qu’il me serait toujours trop naturel d’être ainsi dans des circonstances semblables aux circonstances présentes. J’ai cru voir de même que dans une autre situation j’aurais toujours un autre caractère. La manière dont je végète dans l’ordre de choses où je me trouve n’aura aucune influence sur celle que je prendrais si les temps venaient à me prescrire autant d’activité que maintenant ils en demandent peu de moi.

Que me servirait de vouloir rester debout à l’heure du repos, ou vivant dans ma tombe ? Un homme laborieux et qui ne veut point perdre le jour doit-il pour cela se refuser au sommeil de la nuit ? Ma nuit est trop longue à la vérité ; mais est-ce ma faute si les jours sont courts, si les nuits sont ténébreuses dans la saison où je suis né ? Je veux, comme un autre, me montrer au dehors quand l’été viendra ; en attendant je dors auprès du feu pendant les frimas. Je crois que Fonsalbe devient dormeur comme