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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/102

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MAROUSSIA

dernières étoiles, l’aube déjà s’annonçait. On sentait le délicieux parfum des fleurs.

Tout était calme ; de temps en temps un coup de fusil, un cri, destiné à maintenir les sentinelles en alerte, faisaient ressortir davantage encore ce grand silence. Cela, c’était chose prévue.

Mais chaque petit bruit inattendu faisait tressaillir Maroussia. Combien de fois la légère rafale de la brise fit-elle affluer tout le sang vers son cœur ! Ah ! ce n’était pas pour elle qu’elle tremblait si facilement. Pour ce qui ne regardait qu’elle, sa petite personne était bien résolue. Sa vigilance était pour l’autre. Tout à coup elle dit :

« Cache-toi bien ! on vient ! »

Cette fois on venait pour tout de bon. Bientôt un détachement de cavaliers russes entoura la voiture.

« Où vas-tu ? D’où viens-tu ? Qui es-tu ? crièrent plusieurs voix enrouées.

— Je suis la fille de Danilo Tchabane, répondit Maroussia.

— Arrête donc tes bœufs ! » lui cria un officier.

Maroussia arrêta les bœufs.

« D’où viens-tu ?

— Je viens de chez nous.

— Où ça, chez vous ?

— Pas loin de ce côté.

— Et où vas-tu ?

— Je vais chez maître Knich.