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CHEZ LE VIEUX KNICH

j’ai dans Tarass un ouvrier admirable ? C’est un petit gars qui n’est pas bête du tout, ni paresseux. »

M. Ivan voulait répondre, mais il ne put improviser qu’un sourire qui ne disait pas grand’chose. Quant au petit Tarass, il ne se fit pas prier. D’un bond il fut près de la porte.

Il était temps, Maroussia n’en pouvait plus. Elle se leva doucement et dit au vieux Knich :

« J’irai avec Tarass.

— Va, ma petite, va, » répondit le vieux.

Et quand elle passa près de lui il étendit la main et caressa légèrement ses cheveux.

C’était peu de chose que cette caresse, mais elle rendit, comme par magie, toute confiance à Maroussia ; elle se sentit comme rassurée et fortifiée ; son anxiété disparut, et son pauvre cœur, jusque-là serré comme dans un étau, fut rendu à la liberté.

« Très-cher barine ! dit Ivan, faisant un effort désespéré pour rassembler ses idées, ce foin de tout à l’heure, vous savez, le foin de la voiture que j’ai été chargé d’escorter, il est à nous !… Vous me comprenez ? Nous l’avons pris, alors c’est notre bien, il est devenu notre propriété ! C’est clair, n’est-ce pas ? Cependant, si tu tiens à le garder, tu peux m’en rembourser le prix… Donne de l’argent, beaucoup d’argent, et tu l’auras !… Et ce sera bien fait. Ce sera parfait, foi d’honnête homme !

— Vous êtes le maître, monsieur Ivan, répondit