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MAROUSSIA.

Ces quelques paroles venant de lui, son grand ami, étaient autant de paroles magiques qui lui avaient ôté toutes ses craintes.

Son cœur se remplissait de joie, et ses joues se couvrirent d’un si brillant incarnat, ses yeux étincelèrent d’un tel éclat que Tarass, qui caracolait dans la cour comme eût pu le faire le fier coursier de l’ataman, ou qui s’escrimait, comme le grand ataman lui-même contre quelque invisible ennemi, interrompit ses exercices et vint se placer face à face avec « la petite fille. »

Frappé au dernier point du changement de tout son être, il la regardait de son œil curieux.

« Bien sûr elle est très-contente ; grand-père lui aura donné quelque chose de très-bon ! » pensa-t-il. Mais quoi ? Était-ce du pain d’épice ou des noisettes grillées ?

Et plus il regardait la « petite fille », plus son imagination surexcitée s’élevait à des suppositions fantastiques de friandises merveilleuses. L’émotion le gagnait de plus en plus. Indécis, attentif, caressant quelque espoir chimérique, il restait là, rappelant plus que jamais le type d’un aiglon qui agite ses ailes, tend le bec et de ses yeux perçants cherche à distinguer le butin.

Maroussia lui dit :

« Veux-tu que nous allions au jardin ?

— Je le veux bien, répondit-il avec quelque hési-