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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/171

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ON SE REVOIT

partout prêtes à bien faire. « Rendre l’Ukraine aux Ukrainiens, se disputer après, si l’on veut, mais non plus tôt, » voilà ce que nous disent nos femmes. Elles ont cent fois raison. Nous avons deux atamans : l’ataman grand seigneur et l’ataman ami des petits. Ils se jalousent, la méfiance les fait rivaux. C’est à croire qu’ils voudraient se dévorer tout vivants. Les Moscovites, les Polonais et les Tatares fomentent ces haines qui ne servent qu’à eux. Béni sera celui qui pourra mettre la concorde entre ces passions déchaînées !

— On dit que notre ataman ne se porte pas bien. Est-ce vrai ?

— Il a vieilli. Il est bien changé. Ce n’est qu’à l’écrevisse que le chagrin et la souffrance, le feu vu de trop près, donnent de belles couleurs.

— Et l’autre ?

— De l’autre, vous n’entendrez dire que du mal.

— Est-ce que personne des nôtres n’est près de lui ?

— Si fait ! Anton est là, mais il ne pense qu’à s’en défaire. Il dit que c’est un rude métier que d’avoir l’œil sur un coquin pareil. Dans le cas où tu voudrais visiter ce vautour, rappelle-toi que sa femme est une vraie bonne âme. C’est parmi les épines qu’a fleuri cette rose. C’est une grande dame, mais son cœur bat. Elle a une sœur qui est peut-être un ange… et qui pour sûr sera un jour ou l’autre une