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LES RENCONTRES.

gues mouillaient doucement les plantes du bord et y laissaient une petite frange d’écume blanche.

« J’espère que je vous retrouve en bonne santé et toujours agréables à Dieu ! » dit une voix bien connue.

La barque légère était déjà sur le sable du rivage, et près de la barque, appuyant son menton sur la rame, se tenait le bonhomme de fermier, le vieux Knich.

« Santé et chance ! lui répondit le grand ami.

— Comment ça va, fillette ? demanda Knich en fixant sur Maroussia ses yeux de faucon.

— Très-bien ! lui répondit Maroussia. Et Tarass ?

— Tarass n’a pas oublié Maroussia. »

Du reste, si Maroussia ne lui eût point répondu, il aurait pu très-bien deviner sa réponse rien qu’en la regardant : chaque fibre de sa figure annonçait que ses fatigues étaient oubliées.

Mais le fermier, ne se contentant pas du témoignage que lui présentait la figure heureuse de l’enfant, interrogea du regard le grand ami.

« Elle va bien, ma petite compagne, dit-il, très-bien. Vous pourrez en rendre bon compte à ceux qui me l’ont confiée. C’est un petit lion doux comme une colombe. »

Et sa main caressait l’enfant.

« Mon Tarass n’est pas encore un lion, répondit Knich, encore moins une colombe. C’est un petit diable. Je ne puis pas lui apprendre à se taire.