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LA PETITE MAROUSSIA.

— Raison de plus pour que j’aille à Tchiguirine, répondit l’envoyé de la Setch — et sans perdre de temps.

— Tous les chemins sont coupés, répondit Vorochilo.

— Et le passage de Gonna ?

— Occupé et mis en état de défense par les Moscovites. »

L’envoyé se mit à réfléchir, non aux difficultés, mais au moyen d’arriver à son but.

« Nous autres, Cosaques de la Setch, dit-il enfin, nous ne sommes ni pour les Moscovites ni pour les Polonais. Nous sommes pour les Ukrainiens. Vous voyez bien qu’il faut que je pénètre dans Tchiguirine. De vos deux chefs, l’un s’est vendu, dit-on… mais l’autre ?

— L’autre, l’ataman Petro Dorochenko, dit Krouk, est un honnête homme.

— Je le sais, dit l’envoyé. Mais, orgueilleux, passionné, et trop prompt comme il l’est, on peut craindre qu’en voulant sauver l’Ukraine il la perde. Dans son irritation contre les Russes, il oublie que nous avons d’autres adversaires. Il est sur le point de faire une folie et de se jeter du feu à la flamme. J’ai mission de l’en empêcher ; — mais, pour y réussir, il faut que je le voie. Si je tardais… »

Ici l’envoyé se tut et regarda tout autour de lui. La maîtresse de la maison était encore absente, deux