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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/60

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MAROUSSIA

teras cette histoire tout en marchant, n’est-ce pas ?

— Je veux bien. Mais iras-tu à Tchiguirine ? t’y conduirai-je ?

— Assurément, répondit-il. Mais ton père m’approuvera-t-il de t’accepter pour guide ? te grondera-t-il, après ?

— C’est en pensant selon lui que j’agis ; le père m’a regardée, j’ai compris, dit l’enfant. Ses yeux me disaient : Pour celui-là il faut tout quitter, même nous.

— Eh bien, alors, oui, je m’en remets à toi, petite ; tu me conduiras, et, tout en me conduisant, tu me raconteras ton histoire. Marchons, Maroussia. Je t’écoute déjà ; j’aime beaucoup les contes de brigands. »

Ils se prirent par la main et remontèrent le long du rivage. Au bout d’un instant, et comme l’enfant se taisait :

« Je suis tout oreilles, lui dit-il, et je n’entends rien encore. »

— Oh ! répondit-elle, je ne te raconterais pas bien l’histoire dans ce moment.

— Eh ! pourquoi, fillette ?

— Nous ne sommes pas encore assez loin des soldats ; j’écoute de leur côté. J’ai un peu peur, peur que nous ne… Cela me ferait tant de chagrin, si je ne parvenais pas à te faire arriver où tu peux faire le bien !

— Il faut faire ce qu’on doit : advienne que