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DOXOGRAPHIE DE THALÈS[1]


1. Théophraste, fr. 1 (Simplic. in physic., 6 a)[2]. — De ceux qui admettent un seul principe mobile, et qu’Aristote appelle proprement physiciens, les uns le considèrent comme limité : ainsi Thalès fils d’Examyas, de Milet, et Hippon (qui paraît, d’autre part, avoir été athée), ont dit que l’eau était le principe. Les apparences sensibles les conduisaient à cette conclusion : car, et ce qui est chaud a besoin d’humidité pour vivre, et ce qui est mort se dessèche, et tous les germes sont humides, et tout aliment est plein de suc ; or, il est naturel que chaque chose se nourrisse de ce dont elle provient ; mais l’eau est le principe de la nature humide et ce qui entretient toutes choses ; donc ils ont conclu que l’eau était le principe de tout et déclaré que la terre repose sur l’eau. Thalès est le premier que l’on rapporte avoir publié chez les Grecs ses connaissances sur la nature ; quoiqu’il ait eu de nombreux précurseurs (du moins à ce qu’en pense Théophraste), il les a tous assez dépassés pour les faire oublier ; on dit cependant qu’il n’a pas laissé d’écrit, sauf celui intitulé « Astrologie Nautique. » (Cf. Aristote, Metaph., I, 3, De cœlo, II, 13.)

2. Philosophumena, I, 1. — Thalès de Milet, l’un des sept sages, est regardé comme le premier qui ait abordé la philosophie naturelle. D’après lui, l’eau est le principe et la fin de tout ; car en se figeant ou au contraire en se vaporisant, elle constitue toutes choses.

  1. J’ai cru intéressant de faire suivre la monographie de chaque penseur de la traduction des textes qui lui sont relatifs dans l’édition des Doxographi Græci de Diels, en négligeant toutefois les répétitions sans importance qui se rencontrent, soit dans les prolégomènes, soit dans l’appareil critique ; ce recueil pourra à la fois servir, soit comme pièces justificatives pour mes discussions, soit comme matériaux destinés au lecteur qui voudra en user. Mais il n’entre nullement dans mon plan de faire à chaque fois une critique complète de ces documents ; cette tâche a été accomplie dans la Philosophie des Grecs d’Éd. Zeller, désormais accessible aux lecteurs français pour la période que j’étudie. Si je suis en désaccord sur quelque point avec l’illustre historien, j’aurai soin de l’indiquer. Mais pourquoi voudrais-je refaire ce qui est bien fait et suffisamment répandu ? À la suite de cette doxographie de chaque physicien, j’ai ajouté également la traduction de ceux de ses fragments que j’ai eu à citer. Cette traduction est faite sur l’édition des Fragmenta philosophorum græcorum de Mullach par Didot.
  2. Les mots en italique sont ceux que Diels considère comme appartenant à Simplicius.