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Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/179

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beau livre. L’une disait : « J’ai vu un coin de sa robe de chambre », l’autre : « J’ai aperçu son crâne tout nu. » Une troisième ajoutait : « Moi, j’ai vu ses longues mèches de cheveux qui lui descendaient sur le dos. »

Je parlais toujours ; mon maître m’écoutait, heureux de m’entendre, dans ma grande simplicité, parler de M. Flaubert qu’il aimait tant… Nous arrivions sous le fameux sophora de Villennes, aux bras gigantesques, sous lesquels on a installé un restaurant et toutes sortes de jeux. Monsieur me demande si je veux prendre quelque chose, je remercie. Alors il me dit : « Venez par ici, nous allons traverser la voie ferrée et je vais vous faire voir l’endroit où l’on embarque, pour le cas où nous aurions à le faire un jour ». De l’embarcadère, il me montra au loin le pont de Triel.

Après avoir retraversé la voie du chemin de fer et tourné à droite, nous longeons une vieille église cachée en partie par un rideau de feuilles naissantes ; puis, par un petit chemin, nous arrivons en haut du coteau sur une grande route. De là, on découvre un panorama grandiose.

M. de Maupassant s’arrêta pour bien regarder, puis il me dit : « Voyez, François, comme c’est imposant, ce point de vue, cette plaine immense ! Là-bas, en face, la forêt de Saint-Germain ; plus à gauche, la chaîne de Cheverchemont, plus bas Triel et Vaux, Meulan, dans le fond Mantes la Jolie, vers laquelle coule ce beau fleuve enjolivé de toutes ses îles. Il faut aussi que vous sachiez que cette route-ci conduit à Médan, chez M. Zola. J’aurai sans doute à vous y envoyer. Maintenant, nous allons prendre de ce côté par les bois, je les connais tous, nous ne nous perdrons pas, soyez-en bien sûr… Ce Zola est