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Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/210

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tiste, comme disait mon maître, était parfaite, tout auréolée de fleurs disposées à son intention.

Une loterie succéda au mélodrame. On avait placé dans le fond du jardin une table à étagères. Il y avait des vases et des pots de toutes sortes. Je fus même très surpris d’y voir figurer deux tout petits vases de Chine rose, anciens. Tous les numéros étant distribués, le tirage commença. Chaque lot était aussitôt remis à l’heureux gagnant et toute l’assistance riait à se tordre, mais ce fut bien mieux quand mon maître appela le numéro 16 ; une voix claire répondit : « Voilà ! » Monsieur prononça : C’est le coq, et je remis entre les mains d’une jeune demoiselle un coq vivant, superbe, et pour qu’il ne s’ennuyât pas seul, je lui donnai aussi une poule. Une bête à chaque main, cette jeune personne était bien embarrassée, d’autant plus que ces animaux, se sentant mal tenus, faisaient tous leurs efforts pour s’échapper. Bien entendu, ce fut un rire général.

On proclama le numéro 29. Mme P. Arnould leva le bras et tendit le billet. « Ce numéro, dit mon maître, gagne un lapin vivant garni de toute sa fourrure. »

Je donnai son lot à cette dame en lui conseillant de le prendre par les oreilles, ce qu’elle fit, non sans se désoler : « Je ne pourrai jamais porter cette bête ! — Mais si, Madame, lui dis-je, vous le mettrez dans le coffre de votre voiture. » Alors, marchant de côté pour tenir le lapin éloigné d’elle, la dame se mit en route pour gagner l’entrée du jardin. Plusieurs invités la suivaient, prenant un très grand plaisir à voir son embarras. Le lapin donnait à tout instant des coups de reins, et, à chaque fois, la dame jetait un cri et faisait un pas en arrière. Elle ne le lâcha tout de même pas…

On avait aussi organisé une baraque de devineresse