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Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/226

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ques jours à Pise, jolie petite ville et fort propre, célèbre par sa tour penchée, que j’admirai ainsi que sa cathédrale aux lignes irréprochables. Nous n’avons pas manqué de nous extasier devant les portes du baptistère avec leurs amours en bronze, gros comme des enfants de deux ans, qui servent de poignées. À côté se trouve le Campo-Santo, mais dans un hideux état, car toutes les belles peintures qui ornent les murs ne sont nullement abritées contre les intempéries des saisons.


À 5 heures du soir, le 31 octobre suivant, nous étions à Cannes.

Mme de Maupassant était sur la porte de l’appartement pour recevoir son fils. Dès qu’elle l’aperçut, une grande émotion s’empara d’elle, sa voix était contractée ; elle avait peine à articuler ces seuls mots : « Mon cher enfant ! »

Une fois entré, mon maître lui a expliqué qu’il avait eu une crise intestinale à Florence, qui l’avait tenu quelques jours à la chambre, mais qu’il se sentait mieux et qu’il espérait que cela n’aurait pas de suites.

Dans la soirée, il continua de donner à sa mère des détails sur son état et sur son voyage. Avant de quitter la maison pour se rendre chez elle, Madame vint à la cuisine, me prit les deux mains et me remercia beaucoup des soins que j’avais donnés à son fils depuis notre départ de Cannes. De grosses larmes tombaient de ses pauvres yeux malades et sa femme de chambre l’emmena en pleurant plus fort qu’elle. Après dix jours de repos, M. de Maupassant allait beaucoup mieux, il avait repris son bon teint coloré habituel.